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Kaied Maari

10 March 2017

Rétablir la confiance dans la transition démocratique de la Libye

Une nouvelle initiative permet aux jeunes Palestiniens de partager leur expérience de la vie dans les camps de réfugiés.

Kaied Maari Kaied Maari © Małgorzata & Krzysztof Pacuła

Kaied Maari n’a rien du jeune Palestinien furieux lançant des pierres aux forces israéliennes, régulièrement représenté dans les médias.

Ce jeune homme de 27 ans est diplômé en journalisme et travaille pour un organe d'information local en Cisjordanie. Il porte une élégante veste en tweed, s’exprime parfaitement en anglais et arbore un sourire charmeur et assuré.

Kaied vit dans l’un des 19 camps de réfugiés palestiniens que compte la Cisjordanie. Il est lui aussi fatigué des conditions de plus en plus sordides à l’intérieur des camps et perd peu à peu l’espoir de voir un jour un État palestinien.

Mais pour lui, les réfugiés palestiniens ne pourront être maîtres de leur futur que s’ils se rassemblent autour d’un message positif, pas en se livrant à des actes de violence.

« Je suis moi-même un réfugié, je connais parfaitement la frustration et le sentiment d’isolement que ressentent les Palestiniens », he says. « Si notre génération veut se forger une existence digne, nous devons prouver que nous représentons une valeur ajoutée pour la société, et non pas une menace pour la sécurité ou un obstacle au développement. »

L’an passé, Kaied créait Citizen Platform, un projet multimédia destiné à attirer l’attention sur les difficultés sociales et économiques vécues par les réfugiés palestiniens, tout en encourageant ces derniers à partager leurs expériences et à publier leur récit.

Le projet parrainé par l’EED est supervisé par le Witness Centre For Citizen’s Rights and Social Development, une organisation de la société civile établie dans la ville Naplouse, en Cisjordanie.

La nouvelle plateforme compte actuellement 25 jeunes réfugiés, hommes et femmes, tous formés au Centre, qui travaillent depuis deux camps de la région de Naplouse : les camps de Jénin et d’Askar. Les vidéos et les textes qu’ils produisent sont publiés sur un site Web dédié et postés sur les réseaux sociaux. Une application mobile devrait également prochainement voir le jour.

Nous utilisons les nouvelles technologies pour créer un dialogue en Palestine », poursuit Kaied. « Nous fournissons aux réfugiés une tribune où ils peuvent s’exprimer au lieu d’avoir recours à la violence pour faire entendre leur voix. »

Il règne dans les camps palestiniens un profond ressentiment et un grand désespoir.

Les réfugiés sont déconnectés de la vie dans les territoires occupés de Cisjordanie et beaucoup se sentent abandonnés par les dirigeants. Ils vivent dans des camps aux prises avec un chômage élevé, une infrastructure chancelante, un système de santé inadapté, un accès insuffisant à l’éducation et une montée de la violence.

La récente accélération dans la démolition des maisons et l’expansion continue des colonies israéliennes ne font qu’aggraver leur ressentiment.

Il existe plusieurs initiatives dans la région de Naplouse pour venir en aide aux réfugiés, mais comme le précise Kaied, elles ciblent essentiellement les femmes et les enfants. Les jeunes Palestiniens restent cruellement marginalisés.

Avant Citizen Platform, il n’y avait pour les jeunes Palestiniens aucun forum où ils pouvaient parler de leurs problèmes, de leurs préoccupations et de leurs espoirs pour l’avenir.

« Il y a bien quelques pages Facebook qui couvrent les nouvelles quotidiennes dans les camps, mais c’est à peu près tout », regrette Kaied.

Kaied souligne que son intention n’est pas d’étaler la détresse des réfugiés.Bien au contraire, sa plateforme relate les expériences et les récits positifs vécus à l’intérieur des camps, à l’image de ce réfugié aveugle qui a remporté un prestigieux prix de poésie ou encore ce jeune homme qui s’est battu contre le statu quo pour s'imposer parmi ses aînés à la tête de communauté.

« Bien sûr, nous parlons des différents problèmes qui touchent les camps », précise-t-il. « Mais nous voulons être une source d'inspiration pour les réfugiés, et non pas accroître leur frustration. »

Kaied espère que sa plateforme aidera à améliorer les relations de plus en plus tendues avec Israël et l’Autorité palestinienne. Les réfugiés accusent leurs représentants de fermer les yeux sur la répression accrue exercée par l’armée israélienne sur les camps. Les raids ont causé la mort de plusieurs réfugiés ces dernières années, notamment dans les camps de Jénin et d’Askar.

Kaied a contacté les autorités de Cisjordanie, suggérant d’impliquer les réfugiés palestiniens dans la gouvernance locale. Il encourage les représentants des deux côtés de lire les articles et récits publiés par Citizen Platform.

« Nous voulons bâtir des ponts pour encourager le dialogue et trouver des solutions, ensemble », poursuit Kaied.

Pour toucher un plus vaste public, Kaied et son équipe ont proposé à des organes d'informations locaux de publier gratuitement leur contenu.

« Nous espérons que cela génèrera une discussion publique sur la situation dans les camps de réfugiés palestiniens » confie-t-il.

Leurs efforts commencent déjà à payer.

Fin 2016, moins d'une année après sa création, Citizen Platform bénéficiait d’un programme de parrainage de l’Institut français pour son travail de promotion des droits sociaux des réfugiés palestiniens, et Kaied fut convié à Paris pour rencontrer d’autres jeunes militants du monde arabe.

Depuis, il a également commencé à recevoir des articles envoyés par des réfugiés palestiniens hors de la Cisjordanie.

« Nous recevons les récits de réfugiés dans des camps du Liban et de la Bande de Gaza qui souhaitent contribuer à notre projet », explique-t-il. « Nous pouvons grandir et devenir une plateforme trans-frontière pour les réfugiés palestiniens du monde entier. »

En effet, le lectorat de Citizen Platform est potentiellement très vaste. Le conflit israélo-arabe de 1948 fut à l’origine de la plus grosse crise de réfugiés depuis la Seconde guerre mondiale, avec 5 million de réfugiés palestiniens disséminés sur l’ensemble du Moyen-Orient et au-delà.

Près d’un tiers, en majorité des enfants et des jeunes adultes, vit encore dans des camps de réfugiés.

Par Claire Bigg


Clause de non-responsabilité : Cet article reflète les opinions des personnes bénéficiaires de subventions et non pas forcément la position officielle de l’EED (European Endowment for Democracy).