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Moroccan Institute for Policy Analysis

8 December 2021

Former la nouvelle génération d’analystes politiques

Le Moroccan Institute for Policy Analysis est un groupe de réflexion relativement récent qui émet des recommandations politiques à l’attention des institutions et organise des séances de formation destinées aux jeunes chercheurs.

Moroccan Institute for Policy Analysis

Mohammed Masbah a fondé le Moroccan Institute for Policy Analysis (MIPA) à Rabat à son retour au Maroc, après avoir travaillé pendant sept ans pour des panels d’experts en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Il a voulu ce groupe de réflexion comme un moyen de créer une passerelle entre les chercheurs et les décideurs marocains et de former une nouvelle génération d’analystes politiques.

« Si l’idée initiale est de moi, le MIPA est né d’un effort collectif auquel ont participé plusieurs jeunes chercheurs », explique M. Masbah en entretien avec le FEDEM, rappelant également que c’était grâce à une subvention de démarrage versée par le FEDEM que le MIPA a pu lancer ses activités.

M. Masbah voulait établir une organisation locale résolument ancrée au Maroc mais avec une portée internationale, ce qui explique que les recherches du MIPA soient publiées à la fois en arabe et en anglais.

« De nombreux chercheurs au Maroc utilisent encore le français », souligne M. Masbah. « Au MIPA, nous préférons l’anglais qui est la langue internationale de la recherche et bien sûr l’arabe pour que notre travail soit accessible à la communauté locale. » L’institut entretient d’étroites relations de travail avec de nombreux organes de réflexion internationaux, à l'image de l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, Chatham House, le Conseil européen des relations internationales et la Fondation Carnegie pour la paix internationale.

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Favoriser une réorientation des politiques au Maroc

Le MIPA s’intéresse à différentes facettes des politiques intérieures au Maroc, de la réforme institutionnelle et la transition démocratique au développement économique et aux mouvements sociaux, qui sont les domaines de spécialisation de ses divers membres. Sociologue et politologue, M. Masbah travaille essentiellement sur la jeunesse, la démocratisation et l’Islam politique. D’autres membres de l’équipe sont experts en économie, en sciences politiques et en relations internationales.

Pour faire entendre ses propositions de politique, le MIPA s’efforce de nouer des liens à différents niveaux du gouvernement marocain. « Le travail des groupes de réflexion est relativement nouveau dans notre pays et la ligne est très ténue entre l’instauration de ces relations et la préservation de notre indépendance », explique M. Masbah.

Le MIPA travaille en étroite collaboration avec les autorités locales et nationales et les représentants politiques. L’institut invite régulièrement des personnes clés à des événements où sont présentés ses travaux de recherche et il les implique également au processus de recherche. À ce titre, l’institut a récemment associé des députés à la préparation d'un rapport sur la confiance que portent les citoyens au Parlement. Des hauts fonctionnaires de différents ministères ont assisté à des séances de formation dispensées par le MIPA, et l’institut organise régulièrement des réunions et briefings en présence de représentants politiques et de diplomates.

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Former une nouvelle génération de chercheurs

D’après M. Masbah, ce sont les activités de formation et de renforcement des compétences qui distinguent le MIPA des autres organisations. L’un des principaux objectifs de l’institut est de favoriser la relève et une nouvelle génération d’experts, de chercheurs et d’analystes politiques au Maroc. Le MIPA veut appuyer le travail des chercheurs de moins de 35 ans qu'il considère plus dynamiques et moins académiques.

« Au moment de fonder le MIPA, nous savions qu’avant de commencer à publier nos recherches, nous devrions renforcer les capacités des jeunes chercheurs et apprendre à ces derniers à rédiger des analyses de politiques et non pas seulement des publications académiques », explique M. Masbah. L’équipe du MIPA propose un programme d’enseignement et a mis au point une trousse à outils pour l’acquisition de compétences rédactionnelles. Par ailleurs, l’institut a commencé à organiser des formations intensives sur deux jours. L’institut invite des chercheurs proéminents à intervenir lors des formations et il a lancé un appel afin de se faire connaître de tous les chercheurs potentiels dans la région.

Pendant la formation et pendant la phase de suivi qui s’ensuit, l’équipe travaille étroitement avec les participants et les aide dans leurs travaux de recherche. « Au terme de la formation, les participants peuvent exploiter les compétences qu’ils ont acquises dans leur propre domaine, qu’il s’agisse de recherche, de journalisme ou de l’administration publique », précise M. Masbah.

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Collaboration avec les décideurs et la société civile

Pour M. Masbah, la plus grande réussite du MIPA est d’avoir su attirer l’attention des décideurs politiques. « Les médias et les décideurs nous prennent au sérieux. Nous sommes écoutés ».

M. Masbah souligne l’importance du travail mené en étroite collaboration avec la société civile. L’institut travaille actuellement à l’élaboration d'un projet sur l’éducation civique au Maroc qui instaure le dialogue entre les décideurs et les ONG. Le projet tend essentiellement à aider les organisations de la société civile à protéger leurs droits.

Tracer l’avenir du MIPA

Pendant le confinement de l’année passée, au début de la pandémie de Covid-19, le MIPA s’est vu contraint de suspendre son programme de formation et de concentrer son travail sur la rédaction de rapports et l’élaboration d’enquêtes. Il a, par exemple, mené une enquête sur la perception qu’avaient les citoyens marocains des mesures prises par le gouvernement en matière de lutte contre la pandémie.

Avec le retour progressif à la normale, les formations en présentiel ont repris depuis le mois de septembre. L’équipe elle-même s’est étoffée pendant la pandémie, passant de quatre à dix membres grâce à une augmentation des financements reçus. Le MIPA étudie actuellement des stratégies visant à garantir sa stabilité financière à long terme.

M. Masbah a des projets ambitieux pour le MIPA. « Nous voulons intensifier notre travail et nous imposer comme un point de référence pour les groupes de réflexion, non seulement au Maroc, mais aussi dans l’ensemble de l’Afrique du Nord. Nous aimerions également rallier plus de personnes en dehors de la capitale afin d’étendre notre réseau. Il est arrivé que des participants parcourent plus de 800 kilomètres pour assister à nos formations. Nous savons que notre démarche intéresse », conclut M. Masbah.