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Des partenaires du FEDEM établis en Palestine alertent sur la fermeture récente des bureaux de sept organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme

5 September 2022
Des partenaires du FEDEM établis en Palestine alertent sur la fermeture récente des bureaux de sept organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme

Le vendredi 19 août, l’armée de défense israélienne faisait irruption dans les locaux de sept organisations palestiniennes, fermait leurs bureaux et émettait une ordonnance militaire déclarant leur action illégale. Ces descentes faisaient suite à leur qualification d’organisations « terroristes » en octobre 2021.

Les organisations concernées sont : la très réputée organisation de défense des droits de l’homme, Al Haq, établie à Ramallah ; Addameer, une organisation de défense des prisonniers ; Union of Palestinian Women Committees ; Union of Agricultural Work Committees ; Bisan Center for Research and Development ; Health Work Committees et Defence for Children International – Palestine (DCI-P).

Les directeurs de deux de ces organisations, à savoir Al Haq et DCI Palestine, ont reçu des menaces de représailles personnelles s’ils continuaient leur action.

Plusieurs de ces organisations recensent les violations des droits de l'homme commises tant par Israël que par l’autorité palestinienne. Ces fermetures ont été fermement condamnées en Palestine, en Israël et par la communauté internationale.

Il y a quelques jours, le FEDEM s’est entretenu avec ses partenaires en Palestine afin de connaître leur avis sur ces récents événements.

Helmi Araj est le directeur exécutif du centre Hurryyat pour la défense des libertés et des droits civils, une organisation qui défend les prisonniers palestiniens depuis plus de 30 ans.

« En notre qualité d’organisation de la société civile qui intervient dans le domaine des droits de l'homme, nous collaborons régulièrement avec ces sept organisations. Elles recensent les violations des droits de l’homme en Palestine. Leur travail a contribué cette année au rapport annuel d’Amnesty International qui a qualifié le régime d’Israël de régime d’apartheid. Pour nous, c’est là le reflet d’un renforcement de la campagne lancée contre la société civile palestinienne. Les Israéliens ont menacé de fermer 30 organisations au total », s’émeut Helmi.

Le Centre de suivi palestinien des politiques économiques et sociales, Al-Marsad, est une organisation qui étudie les politiques économiques et sociales en Palestine et mène des campagnes publiques. Al-Marsad voit dans ces agissements le signe d’une campagne de discrimination à l’égard de la société civile palestinienne.

« Cela entre dans le cadre d’une politique systématique de mesures ciblant les Palestiniens et nos institutions. Il s’agit d’organisations de défense des droits de l'homme très actives et établies de longue date. Elles sont vitales pour la détermination palestinienne à poursuivre notre combat pour la liberté et l’auto-détermination. Le ciblage illégal d’institutions palestiniennes n’est qu’une tentative de plus de réduire les Palestiniens au silence. Nous craignons que de nombreuses autres organisations soient ciblées dans les mois à venir », alerte un représentant d’Al-Marsad.

Aladdin Alabid et Mirna Alatrash, Directeur général et rédactrice en chef de la station de radio Baladna basée à Bethlehem, sont convaincus que ces organisations de défense des droits de l'homme ont été délibérément ciblées en raison de l’efficacité de leur travail et des révélations sur l’étendue des violations des droits de l'homme. « Le silence de la part de la communauté internationale sur les événements qui se produisent ici, en Palestine, est assourdissant. Les rapports de ces organisations disent au monde ce qu’il se passe réellement. »

Sans oublier que la fermeture de ces organisations est un terrible coup dur pour les médias indépendants en Palestine qui comptent énormément sur leurs recherches.

Joint à Gaza, Mohamad Al Jaja de Press House Palestine, une importante plateforme pour les médias libres et indépendants en Palestine, souligne également la pression ressentie par tous les Palestiniens. « Tout le monde est systématiquement ciblé en Palestine. Nous n’avons d’autres choix que de vivre en Palestine, mais nous ne voulons pas être traités en victimes ou en dommages collatéraux. »

Pour Helmi, c’est le moment pour la société civile de se mobiliser et de « s’opposer à cette décision », soulignant que ce qui se joue est crucial dans l’occupation israélienne de la Palestine et que « la communauté internationale saisit maintenant le véritable effet des mesures israéliennes et de leurs incidences sur le travail de la société palestinienne. »

Al-Marsad est plus pessimiste. « Personne ne met Israël face à ses responsabilités. Israël jouit de l’immunité et de la liberté d’agir ainsi. Personne n’a aucun compte à rendre », fait remarquer son représentant.

Al-Marsad est plus pessimiste. « Personne ne met Israël face à ses responsabilités. Israël jouit de l’immunité et de la liberté d’agir ainsi. Personne n’a aucun compte à rendre », fait remarquer son représentant.

Revenant sur les raids menés par l’armée de défense israélienne, Nabila Massrali, porte-parole de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a publié un communiqué soulignant que les allégations rapportées par Israël de détournement de fonds de l’Union européenne par ces organisations n'avaient pas été étayées, ajoutant que « l’UE maintient son soutien à la société civile qui œuvre à cette finalité et à l’instauration de la confiance entre Israéliens et Palestiniens. Il est essentiel que de telles organisations puissent poursuivre leurs activités légitimes et pacifiques. Il est crucial d’éviter que les mesures de lutte contre le terrorisme viennent entraver le précieux travail et les efforts envers l’instauration de sociétés plus justes et plus pacifiques. »

Cet article reflète les opinions des personnes bénéficiaires de subventions et non pas forcément la position officielle du Fonds européen pour la démocratie (FEDEM), de la Commission européenne, des États européens ou de bailleurs de fonds.

 

Crédit photo : Toa Heftiba via Unsplash

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